Chios, en grec Khíos, île de l’est de la Grèce, dans la mer Égée, au large de la côte occidentale de la Turquie asiatique, entre les îles de Lesbos au nord et de Samos au sud.
Géographie
L’île s’étend sur une longueur de 50 km et une largeur maximale de 24 km. Chios est à la fois la capitale de l’île, sa ville principale et un port maritime sur la côte orientale. Au nord, l’île est montagneuse, atteignant une altitude de 1 297 m au sommet du Pelinaion ; au sud, le terrain est découvert et fertile.
Le mastic gomme (à partir duquel est faite une liqueur) et le vin sont les principaux produits de l’île. On y cultive également des oliviers, des figuiers et des orangers. Le commerce côtier est économiquement important ; l’exploitation de l’antimoine, de la calamine et des carrières de marbre, ainsi que la tannerie sont les principales industries de l’île.
Histoire
Chios est habitée depuis le néolithique. Dans l’Antiquité, l’île est réputée non seulement pour être la patrie d’Homère mais aussi pour son vin et son mastic (gomme aromatique tirée de la résine du pistachier). Au viiie siècle av. J.-C., elle est colonisée par les Ioniens. Chios est la première cité grecque à pratiquer le commerce des esclaves. Elle s’unit, dans le cadre de la Confédération ionienne, à Samos et à dix cités d’Asie Mineure, et connaît ainsi une grande prospérité économique. Son développement culturel (elle se distingue alors par son école de sculpture), lui permet de rivaliser avec Athènes aux vie et ve siècles av. J.-C.
Après avoir été soumis par Crésus, roi de Lydie (560 à 546 av. J.-C.), les Ioniens passent sous la domination de Cyrus le Grand, roi des Perses, en 546. En 477 av. J.-C., après les guerres médiques, Chios entre dans la confédération de Délos. Elle se révolte contre Athènes en 412 av. J.-C. et soutient Sparte, mais est vaincue et dévastée. De 378 à 354 av. J.-C., Chios adhère à la seconde Ligue athénienne avant de devenir indépendante et de connaître une période de stabilité politique. À partir de 333 av. J.-C., l’île vit sous la domination des Macédoniens.
Dès le début du iie siècle av. J.-C., Chios prend le parti de Rome. Elle est pillée par Verrès puis à nouveau par les troupes de Mithridate VI Eupator, roi du Pont (mer Noire), en 86 av. J.-C. Libérée par les troupes du général romain Sylla, la cité est restaurée et ses habitants retrouvent une indépendance que les Romains respectent jusqu’au règne de Vespasien. C’est à cette époque que l’île est rattachée à l’Empire romain.
Son histoire est ensuite mal connue. Après avoir été dévastée par les Sarrasins au viiie siècle, occupée par Zaccas, un chef pirate, puis par les Byzantins, Chios passe sous le contrôle des Vénitiens, de 1204 à 1261, remplacés ensuite par les Génois. Au xive siècle, l’île prend son essor en commercialisant le mastic qu’elle exporte en Europe occidentale. En 1415, Chios entre dans la mouvance de l’Empire ottoman et, bien qu’elle peut jouir d’une semi-indépendance, elle tente plusieurs fois de se soulever.
En 1822, pendant la guerre d’indépendance grecque, les habitants de l’île se révoltent contre l’occupation ottomane. Par représailles, les Turcs massacrent près de 30 000 personnes et en réduisent plus de 40 000 à l’esclavage (voir massacres de Chios) ; cet événement est immortalisé par le peintre Eugène Delacroix dans ses Scènes des massacres de Scio (1824, musée du Louvre, Paris). En 1881, l’île subit un tremblement de terre meurtrier. Elle est réunie à la Grèce au cours de la première guerre des Balkans, en 1912.